Magnificence au large
Cet après-midi, magnificence au large.
Des heures durant, elle a roulé son flot de dentelles blanches sous sa robe bleue irisée jusqu'au ciel, semant le tumulte aux lèvres des nuages.
L'oiseau fou pris au piège de la Beauté a bravé les ailes du vent de ses propres ailes.
Les rochers éclaboussés de vie se pâmaient sous ses gifles rieuses.
Le soleil a renforcé l'évasion de sa robe. Et moi, face à elle, impuissante, muette envahie jusqu'aux yeux de sa magnificence. Alors, les pierres plus blanches que d'habitude ce sont mises à parler comme si la nuit tombait.
La chapelle Sainte Croix comme il y a deux mille ans, asssitait à ce spectacle, elle semblait attendre des voyageurs venus de l'autre côté de la mer.
Est venu à moi ce poème d'Esther Granek, Evasion :
Et je serai face à la mer
qui viendra baigner les galets.
Caresses d’eau, de vent et d’air.
Et de lumière. D’immensité.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera que ciel léger.
Et je serai face à la mer
qui viendra battre les rochers.
Giflant. Cinglant. Usant la pierre.
Frappant. S’infiltrant. Déchaînée.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera ciel tourmenté.
Et je serai face à la mer,
statue de chair et coeur de bois.
Et me ferai désert en moi.
Qu’importera l’heure. Sombre ou claire…
Esther Granek, De la pensée aux mots - 1997
Le cortège des pins a salué le dernier cercle de lumière, la ville flottante a franchi la ligne de mon regard. J'ai saisi un instant la terre dans sa rondeur et l'impeccable chaîne des astres.
A suivre...