Quelques heures d'attente à Marseille...
L'attente. Les pas légers. Puis les heures qui coulent fraîches comme un ruisseau entre les herbes sur des cailloux blancs. Les sourires, les mots sans importance qui ont tellement d'importance. On écoute la musique du cœur : c'est joli joli pour qui sait entendre...
Antoine de Saint Exupéry
Rêver c'est le bonheur ; attendre, c'est la vie.
Victor Hugo
Ville chaude et lumineuse...Marseille !
A qui sait attendre, le temps ouvre les portes,
Proverbe Chinois
Un portrait pas plus grand qu'un timbre poste pour envoyer quelques nouvelles comme le faisait Isabelle à sa mère, dans l'ombre d'Arthur souffrant à l'hôpital de la Conception, où il rend l'âme le 10 novembre 1891.
"J'attends de tes nouvelles avec fièvre. Je t'embrasse chère maman", Marseille, le 3 octobre 1891
Ou encore :
" Ma Chère maman, Merci mille fois de ta lettre du 2 octobre. Que j'ai souffert en l'attendant, mais que je suis heureuse de la recevoir ! ", Marseille, le lundi 5 octobre 1891
Dans la gare de Marseille, des portraits, des poèmes de celui qui passa sa vie à attendre que la route s'épuise sous ses pieds, de Charleville à Roche, de Paris à Douai, de Bruxelles à Rotterdam, de Southampton au Yémen. En passant du mouvement à l'immobilité, il a guéri la route de son passage et, de la plus haute tour, a jeté son oisiveté, un lourd manteau d'attentre contre un voile de patience.
Oisive jeunesse
À tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.
Ah! que le temps vienne
Où les cœurs s'éprennent.
Je me suis dit : laisse,
Et qu'on ne te voie :
Et sans la promesse
De plus hautes joies.
Que rien ne t'arrête
Auguste retraite.
J'ai tant fait patience
Qu'à jamais j'oublie;
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.
Ainsi la Prairie
À l'oubli livrée,
Grandie, et fleurie
D'encens et d'ivraies,
Au bourdon farouche
De cent sales mouches.
Ah! Mille veuvages
De la si pauvre âme
Qui n'a que l'image
De la Notre-Dame!
Est-ce que l'on prie
La Vierge Marie ?
Oisive jeunesse
À tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.
Ah! que le temps vienne
Où les cœurs s'éprennent.