Médiathèque Marguerite Duras

Publié le par Mu

 

 

Infinis paysages : Sarah Wiame, un parcours d’artiste

 

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exposition du 5 mars au 23 avril 2011

 

« Portraits, façades, masques, écritures, qu’elle est la différence ? Sarah Wiame délimite un visage d’un trait rapide puis elle mure soigneusement ses ouvertures, aveugle le regard d’une tache, rend muette la bouche, réduit toute arête. Elle refuse l’expression, l’émotion, ce qui pourrait signifier le reste du corps, le reste de la vie, le temps. Et une fois délimité ce lieu sans reconnaissance, elle le fixe désespérement pour qu’il s’avoue… Elle déchire le déjà peint par besoin de rompre et de reconstruire, d’avancer sans appui. Elle morcelle des compositions figuratives, retravaille les espaces laissés entre les fragments pour aller plus profond dans la matière. L’oeuvre recherche une universalité humaine qui, sans croyance cependant, rapproche l’artiste de Dieu ».

Jamel Eddine Bencheikh, 1994.

 

 

 

Cette exposition consacrée à Sarah Wiame parcourt trente cinq ans de création de l’artiste. Les peintures, dessins et collages s’articulent ici en « série » : Paris, New York, Villes et façades, Les dormeurs, Carnaval de Bâle, Masques, Visages, Samouraïs, Arbres, Forêts, Traces, Mer, Art et poésie, Variations sur l’Arménie, Autoportraits au rétroviseur, Chemin de croix, Livres d’artiste…

Près de 200 œuvres investissent ainsi l’ensemble des espaces de la médiathèque et donne à voir la multiplicité et la richesse de son travail ainsi que celui de son fils, Basile Péclard, avec lequel elle a collaboré sur le projet intitulé « La cage ».

 

 

 

 

 

 

 

 

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samedi 5 mars 14h

Livres d’artiste et poésie

 

Pour un temps de rencontre, d’échanges et de lectures, Sarah Wiame réunie autour d’elle plusieurs poètes qui ont compté dans sa démarche artistique et avec lesquels elle a collaboré : Gérard Cartier, Juliette Darle, Claudine Bencheikh, Danièle Corre, Mireille Fargier-Caruso, Georges-Emmanuel Clancier, Marie-Hélène Nocent, Jeannine Salesse, Sylvestre Clancier, Jean-Dominique Rey, Muriel Verstichel, Leïla Houari…

 

 

 

 

 

 

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Tant de bruits nous viennent de Paris, qu’il était bon, le 5 mars dernier d’écouter les poètes, dans la pénombre feutrée de l’auditorium de la Médiathèque Marguerite Duras, dans le 20ème arrondissement. A l’issue du vernissage de son exposition, Infinis paysages, Sarah Wiame, artiste et éditrice de poésie, avait invité les poètes à dire leurs textes autour de son œuvre. Ce sont eux, dit-elle, qui ont conduit mon œuvre à se transformer, à évoluer vers de nouvelles techniques et expressions. Cela a commencé avec « La peau », de Michel Houellebecq en 1993.

Les voix ont résonné d’une parole de vie et d’espérance : Gérard Cartier, Danièle Corre, Mireille Fargier-caruso, Jeannine Salesse, Jean-Dominique Rey, Leila Houari. La présence poétique et la voix de Georges-Emmanuel Clancier et Juliette Darle ont beaucoup ému les auditeurs, ainsi que les textes de Jamel Eddine Bencheikh dits par Claudine, son épouse. Le dernier travail de l’artiste est un chemin de croix sur des poèmes de Muriel Verstichel résidant à Valenciennes. A partir des quatorze stations retrouvées à l'Abbaye de Vetheuil, peintes sur tôle par un artiste anonyme du 19ème siècle, Sarah Wiame a créé quatorze merveilleux tableaux retraçant le Chemin de Croix. Aspiration au sacré par une inspiration mettant en mouvement l'or, les couleurs et la lumière à travers des corps esquissés qui cependant, imposent présence et atmosphère, inspiration  que Jamel Eddine Bencheikh avait déjà saluée en 1994 : L’œuvre recherche une universalité humaine qui, sans croyance cependant, rapproche l’artiste de Dieu. Une exposition à voir et à lire jusqu’au 23 avril 2011.

 

Bibliothèque Marguerite Duras

115, rue de Bagnolet- Paris 20è

01 55 25 49 10

 

 

                                                                                              Maëlle Remi

  

  

  

 

 

 

 

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Liminaire à ma lecture du Chemin de Croix :

 

Peut-être qu’un paysage commence toujours par un nuage que l’on regarde à travers la fenêtre, la fenêtre du lieu où l’on est tenu, seul. Et puis il pleut. Les larmes sur la vitre, le mouvement des nuages, la lumière, au milieu. Tout cela fait le paysage et c’est dans l’immobilité même, au cœur de l’attente qu’il devient infini !

 

 

 

 

 

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Choisir un poème, c’est choisir un poète. Impossible…Sinon que de reconstruire un paysages à travers les poètes qui ont traversé mon ciel, ma vitre, ma pluie, mon cœur et qui ont comblé mon attente !

 

 Le ciel est, par-dessus le toit, 
   Si bleu, si calme ! 
 Un arbre, par-dessus le toit, 
   Berce sa palme. 
      
 Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, 
   Simple et tranquille. 
 Cette paisible rumeur-là 
   Vient de la ville. 
   
   Paul VERLAINE, Sagesse, 1881 
   
   
 La lumière profonde a besoin pour paraître 
 D’une terre rouée et craquante de nuit. 
 C’est d’un bois ténébreux que la flamme s’exalte. 
 Il faut à la parole même une matière, 
 Un inerte visage au-delà de tout chant. 
   
 Il te faudra franchir la mort pour que tu vives, 
 La plus pure présence est un sang répandu. 
   
  Yves BONNEFOY, Du mouvement et de l’immobilité de Douve, 1953 
   
   
 La nuit a volé 
 son unique lampe à la cuisine 
 piégé dans la vitre  
 celui qui se tait 
 debout dans la tourbe des mots 
 Il brûle à feu très doux 
 l’obscure enveloppe du silence 
 (comme ces collines sous la cendre 
 réchauffent l’aube de leur mufle) 
 et pour la première fois peut-être 
 son visage d’ombre est toute la lumière 
 et parle pour lui seul 
   
  Guy GOFFETTE, Eloge pour une cuisine de province, 1988 
   
   
   
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F
<br /> Tu as bien fait de nous présenter cette belle exposition, accompagnée de beaux textes poétiques! Qui met en valeur l'autre?<br /> Amicalement.<br /> <br /> <br />
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